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Steve Johnson : du tennis universitaire à l’ATP Tour

Pour ceux qui suivent le tennis universitaire aux Etats-Unis, Steve Johnson n’est pas un inconnu, bien au contraire. Après avoir joué 4 années à l’Université de Southern California jusqu’en 2012, ce jeune joueur de 24 ans issu de Hermosa Beach en California a décidé de poursuivre sa carrière tennistique sur le Tour en devant joueur de tennis professionnel.

Ses statistiques en NCAA sont impressionnantes, il a gagné 2 titres NCAA individuels et remporté 4 titres nationaux avec son équipe de USC, il reste sur une série incroyable de 72 victoires de rang.

Après seulement une année sur l’ATP Tour (2013), Steve Johnson a déjà joué tous les tableaux principaux des 4 grands chelems et a remporté 2 tournois Challengers cette année avec une première demi-finale sur l’ATP 250 de Delray Beach, il est classé actuellement 69e mondial et n°3 américain. Après avoir assuré son entrée directe dans les tableaux principaux de Roland Garros et de Wimbledon en gagnant le tournoi challenger de la Guadeloupe (Le Gosier), Steve Johnson a pris un break avant de reprendre le tour cette semaine.

Avant ce voyage, Tennis Recruiting Network a pu l’interroger sur son expérience en tennis universitaire, sa transition sur le circuit professionnel ou encore son héritage à USC….

The Tennis Recruiting Network (TRN) : Sentez-vous que le fait de n’avoir pas eu à choisir entre aller à l’université et devenir professionnel vous a effectivement aidé ?

Steve Johnson (SJ) : Oui, vraiment! Si je m’étais focalisé sur ce que j’étais censé devenir à l’âge de 16 ans et devenir joueur professionnel, je pense que j’aurai eu beaucoup de pression. A l’époque, j’étais un jeune joueur supérieur à la moyenne mais je ne gagnais pas beaucoup de titres nationaux, je jouais beaucoup de doubles et restais sur des 8e et quart en simples.

TRN : Quand le fait de devenir joueur de tennis professionnel est devenu plus qu’un rêve ?

SJ : Chaque gamin, comme moi, grandit en voulant devenir joueur de tennis professionnel. Vous regardez les grands chelems à la télévision et vous souhaitez gagner là-bas, vous voulez y jouer, être présent. Vers 17-18 ans, j’ai pensé que ça pouvait devenir réel, plus seulement un rêve. Par contre je savais que sur le court et en dehors du terrain, je n’étais pas prêt à gérer ce mode de vie.

TRN : Comment le tennis universitaire t’a préparé pour cela ?

SJ : Quand je suis arrivé à USC, cela a été une révélation, à quel point nous travaillions et comment les gens qui nous encadrés étaient impliqués. J’ai toujours voulu jouer mes 4 années là-bas et profiter de mon éligibilité. Passer professionnel est devenu une réalité lorsque j’étais là-bas en gagnant contre de très bons joueurs.

TRN : Qu’est-ce qui te manque le plus dans le tennis universitaire ?

SJ : Le plus? Simplement l’équipe! Cela me manque de m’entrainer avec 10-15 gars tous les jours. Aller s’entrainer avec des copains chaque matin, bosser dur, et à la fin de journée, sortir, manger et profiter entre nous. Ils sont vraiment devenus des amis très proches pour moi. On travaillait dur ensemble, mais quand la pression retombait et que le succès était partagé, ce sont des moments inoubliables.

TRN : Construire un héritage à USC a-t-il été un des facteurs qui t’ont décidé à rester 4 ans ?

SJ : Quand vous êtes au milieu de tout cela, et avec les conditions dans lesquelles j’étais dans ma quatrième année, vous ne pensez pas vraiment à la notion d’héritage, ou de ce que vous avez pu accomplir et prendre du recul. Je n’ai pas pensé « Oh, si je reviens et que je gagne je serai invaincu en simple ! » C’était juste là, nous y sommes allés, nous avons pensé que si nous gagnions, ce rêve deviendrai réalité.

Peu de gens peuvent dire qu’ils ont gagné 4 titres d’affilée. Ca me tenait vraiment à coeur, parce que c’était quelque chose dont je me souciais vraiment. J’ai adoré les gars dans l’équipe et notre staff de coaches. C’est vraiment un sentiment incroyable quand je reviens ici (à USC), quand je suis là bas juste le fait de marcher dans les bâtiments me procure de bons sentiments… Il ne s’agit pas de se faire remarquer ou quoi que ce soit, mais ce que j’ai accompli ici est spécial, et je vais avoir ces souvenirs pour le reste de ma vie.

TRN : Quand prévois-tu de compléter ton cursus et obtenir ton diplôme ?

SJ : Il me reste seulement 4 matières. Je suis là où je me suis arrêté depuis que j’ai quitté USC en mai 2012. C’est difficile simplement à cause de la vie de joueur de tennis professionnel sur le circuit. J’espère que je ne serai pas de retour à USC pour finir pendant encore dix ans. J’espère qu’il n’y aura pas de longue période quand je serai blessé, mais je voudrais certainement revenir à l’USC et terminer mes études, finir de la bonne façon.

TRN : Voyager vient avec la vie de joueur professionnel. Est-ce que tu aimes ?

SJ : C’est différent, parce que vous êtes livré à vous-même, vous n’êtes pas avec les gars de l’équipe. L’année dernière, c’était ma première fois en Europe, pour Roland Garros et Wimbledon et je suis resté là-bas 7 semaines et demi. Je suis un peu casanier et j’aime être à la maison et vivre à Los Angeles, mais c’était assez agréable cette façon où tout a parfaitement fonctionné.

Ma petite amie est venue avec moi pour les 7 semaines. C’était amusant de vivre et partager de nouvelles expériences avec quelqu’un de très proche, en plus nous avons vu des endroits exceptionnels.

TRN : Par exemple ?

SJ : Bordeaux en France a un challenger incroyable, où je vais joueur dans 2 semaines. C’est une superbe ville, il y a un très beau tournoi et les gens là-bas sont super sympas.

C’est aussi difficile de ne pas aimer l’un des tournois du Grand Chelem. J’ai vu Wimbledon pour la première fois, c’était assez spécial; mon père est venu pour Wimbledon et c’était bien de partager ce moment avec lui.

C’est quelque chose que vous avez regardé toute votre vie, j’ai vu Pete (Sampras) gagner Wimbledon cinq, six fois, mais vous ne pensez jamais y jouer jusqu’au moment où vous y êtes, c’est juste magique d’être là-bas.

TRN : Grandir en Californie, jouer en tennis universitaire, tu as joué sur dur presque toute ta vie et c’est là où tu as eu le plus de succès. Comment te sens-tu sur terre battue ou sur herbe ?

SJ : L’année dernière, j’ai eu un très bon début sur terre battue. J’ai toujours senti que je pouvais bien joué dessus. En junior, je n’avais que très rarement joué dessus mais les gens ont toujours dit que mon jeu pouvait bien s’adapter sur la terre, si tu te dis que tu peux le faire alors tu le fais! Ca était tout de même un processus d’apprentissage pour moi. J’ai joué Houston (ATP) et perdu au premier tour. J’ai fait Sarasota (Challenger) et gagné deux matchs, puis j’ai perdu au premier tour à Savannah, Tallahassee et Bordeaux (Challenger). J’étais en train de me tuer avec ces matches sur terre. Puis je suis arrivé à Roland Garros avec 3 ou 4 mois de travail avec Craig Boynton, on a trouvé comment faire et la mayonnaise a pris. L’année dernière, cela m’a pris 7-8 semaines pour vraiment me sentir bien sur terre, cette année, je vais seulement jouer 3 tournois, Bordeaux, Nice et Paris mais je sens que j’ai une bien meilleure compréhension de la façon de jouer dessus.

Par contre, je sens que je serai toujours plus à l’aise de jouer sur herbe, juste à cause de la façon avec laquelle j’aime jouer au tennis, le style de jeu que j’ai choisis de jouer. Je peux servir et utiliser mon slice, mon coup droit. C’est plus un tennis sur une frappe et c’est ce que j’aime jouer. Je suis impatient de jouer sur herbe cette année; je vais joueur quelques nouveaux tournois et Wimbledon.

TRN : Comment les carrières professionnelles des anciens joueurs de tennis universitaires comme John Isner et Kevin Anderson t’inspirent ?

SJ : Tous ces gars-là, John, Kevin, Somdev (Devvarman), Benjamin Becker, ont joué en tennis universitaire 3 ou 4 ans avant moi et ont réussi. Cela m’a aidé, cela a également aidé Bradley (Klahn), et c’est ce qui a aidé tous les gars de comprendre qu’ils pouvaient avoir cette chance.

Je suis proche de John, et je lui ai dit de nombreuses fois que c’est grâce à lui que je peux obtenir une wild card dans tel ou tel tournoi – il a fait tellement tellement de bien et puis c’était un joueur universitaire. Cela donne nous donne à Bradley, moi-même, Rhyne (Williams), tous ces gars qui ont joué au tennis universitaire, la chance de prouver que ce n’est pas mal de jouer en tennis universitaire.

TRN : En parlant des wild cards, que penses-tu sur le fait de les accepter ? Beaucoup dans le milieu pense qu’elles sont préjudiciables à la réussite sur le long terme.

SJ : C’est une bonne question. Je pense que j’ai mérité ma part de wild card dans certains tournois, pour les US Open series, en gagnant les NCAA. C’était vraiment pour l’idée de s’y rendre, pour l’expérience et le fait d’être à l’US Open. Après cette première fois, j’ai dit que je souhaitais revenir chaque année et je veux être prêt et être compétitif.

Les wild cards que j’ai prises cette année : celle pour l’Open d’Australie car j’avais gagné les « USTA wild card tournament ». J’en avais besoin, parce que j’ai été distrait et je n’ai pas signé pour les qualifs. Donc, je ne pouvais pas jouer en Australie, à moins de gagner le tournoi de wild card. Leçon de vie n°1 : fais gaffe !

J’en ai pris une pour Indian Wells, en raison d’un problème de calendrier, une pour Houston, je ne pouvais pas arriver à temps et jouer les qualifs parce que j’étais en finale de la Guadeloupe, le Challenger la semaine avant.

Si vous avez besoin d’une wild card parce que vous êtes ailleurs et que vous avez bien joué là-bas, alors je pense que ce n’est pas grave et si vous jouez bien et que vous sentez que vous pouvez aller loin dans le tournoi avec une certaine dynamique positive.

Pour être honnête, quand j’ai pris une wild card et été accepté dans un tournoi 3 ou 4 jours plus tôt, je regarde les qualifs. Tu as envie d’y jouer, d’y aller, jouer tes matchs et gagner ta place là-dedans.

J’espère que je ne n’aurai plus besoin d’une autre WC de nouveau, c’est la route que je souhaite prendre .

TRN : Quels sont tes objectifs cette année ?

SJ: Les objectifs que nous nous sommes fixés avec Craig sont toujours en train de changer, et nous nous concentrons sur le fait de s’améliorer chaque jour. Nous n’aimons pas nous concentrer sur les victoires et les défaites. Nous essayons de bosser sur le long terme et nous savons que la meilleure façon d’y arriver est de bosser sur mes capacités et non pas de gagner quelques matchs de plus sur le court terme.

TRN : USC est la tête de série n°1 au NCAA. Que prévois-tu ?

SJ : Comme dans chaque équipe, il y a des hauts et des bas, des blessures, mais je pense que les gars jouent bien, il faudra bien jouer au bon moment. Je pense qu’ils peuvent faire l’effort ensemble et gagner. Ils sont assez forts.

J’étais là-bas hier et je regardais l’entrainement. C’était amusant, ça me manque et je souhaiterais être encore dans l’équipe. Tout se jouera sur le moment, et il faudra comme toujours que tout le monde soit en forme le jour J. Cette année, il y a 4-5-6 équipes qui peuvent gagner et ça va être bon de regarder ça !

Jouer en tennis universitaire aux USA est une expérience enrichissante et unique, si vous souhaitez tenter cette aventure, vous pouvez nous contacter
SOURCES

🌐 article : Tennis Recruiting Network : A Conversation with Steve Johnson
📸 photo courtesy of : USC Trojans

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